Retour sur le Colloque international sur une approche sociocritique du numérique en éducation

À l’origine de l’approche sociocritique se trouve le constat que l’étude des usages numériques éducatifs s’est principalement articulée autour de l’enseignement et de l’apprentissage en contexte institutionnel (Bayne, 2014; Erstad et Arnseth, 2013; Ito et al., 2013). Sans remettre en question la pertinence de ces études, un nombre croissant de chercheurs en appelle à appréhender le numérique dans sa relation dynamique aux acteurs éducatifs au sein des contextes sociaux et culturels dans lesquels cette relation prend place. Une approche sociocritique présente plusieurs intérêts (Collin, Guichon et Ntebutse, 2015):

  1. d’identifier les usages effectifs du numérique par les enseignants et les apprenants et de les confronter aux discours sur le numérique en éducation véhiculés par les acteurs éducatifs, politiques, économiques, sociaux ou autres ;
  2. de déterminer dans quelle mesure ces discours, qui sont porteurs de valeurs et d’intérêts dominants, sont compatibles avec les missions de l’éducation.

Le Colloque international sur une approche sociocritique du numérique en éducation qui s’est tenu les 15 et 16 mai, organisé par Jean Gabin Ntebutse, professeur à l’Université de Sherbrooke et membre régulier du CÉRTA, et Simon Collin, professeur à l’UQAM, a permis de partager les résultats de recherche sur des questions en éducation par rapport aux défis et aux enjeux posés par le paysage numérique en constante évolution. Plus précisément, ce colloque a accueilli à la fois des communications théoriques, qui réfléchissent aux tenants et aboutissants d’une approche sociocritique pour l’étude du numérique en éducation, et des communications empiriques, qui adoptent une approche sociocritique dans leur étude du numérique en éducation. Il s’articulait autour des axes suivants :

  1. Contextualisation du numérique dans le quotidien des acteurs éducatifs et paraéducatifs, en tant  qu’individus sociaux liés par des relations, des rôles et des normes variables suivant les interlocuteurs,  les lieux, les classes sociales et les appartenances  ethnoculturelles ;
  2. Contextualisation du numérique dans les logiques  économiques, politiques, idéologiques qui privilégient certaines valeurs et certaines finalités plutôt que d’autres, et qui s’avèrent plus ou moins compatibles avec les missions de l’École;
  3. Contextualisation du numérique dans la filiation historique des objets techniques qui ont pénétré  l’éducation;
  4. Contextualisation du numérique en lien avec les disciplines s’intéressant aux relations entre la technique et la société, tout en spécifiant les enjeux éducatifs qui sont propres à ce domaine d’étude.

L’événement s’est entamé par un précolloque étudiant dont l’objectif consistait à stimuler la réflexion des étudiants à propos de leurs projets de recherche et des liens qu’ils entretiennent avec une approche sociocritique. Le début des conférences a été précédé d’un mot d’ouverture de Serge Striganuk, doyen de la Faculté d’éducation, qui a souligné la pertinence de l’événement pour la réflexion quant à l’intégration des nouvelles technologies numériques et a souhaité sa reconduction lors d’années subséquentes. Ont suivi diverses communications réunies en thématiques : penser le numérique en éducation; continuités-ruptures à travers les contextes scolaire et extrascolaire; enjeux socioéthiques du numérique en éducation. En fin d’après-midi, une table ronde interactive avec les chercheurs Périne Brotcorne, Éric Delamotte, Christian Ollivier et Jean-Luc Rinaudo. Chaque intervenant présentait brièvement sa vision des approches critiques en lien avec ses objets d’étude et de ses ancrages disciplinaires. Les intervenants intervenaient successivement les uns après les autres pour ensuite laisser l’audience poser des questions permettant de poursuivre la réflexion sur la variété des approches critiques et de leurs ancrages disciplinaires dans l’étude du numérique en éducation.

La deuxième journée a commencé avec une conférence plénière avec le professeur George-Louis Baron dont les travaux démontrent un intérêt pour l’informatique et les technologies de la communication comme faits éducatifs émergents. Monsieur Baron a montré que le numérique consiste en un phénomène ayant évolué par vagues depuis la Seconde Guerre mondiale ayant donné lieu à des alternances d’illusions et de désillusions sur son potentiel. Autour de chacune des illusions, nous avons vu apparaître différents types de personnages : des prophètes, des évangélisateurs, des marchands, mais aussi des imprécateurs et des critiques. À la suite de cette présentation, les participants ont assisté aux conférences dont les thématiques étaient les suivantes : éducation aux médias; continuités-ruptures à travers les contextes scolaire et extrascolaire; le numérique en éducation : entre prescription, perception et appropriation; des appropriations socialement et culturellement différenciées du numérique en éducation; de la conception à l’appropriation d’outils numériques en éducation.

À la suite de ces deux journées riches en échange d’idées, une synthèse des discussions a été effectuée par Nicolas Guichon, professeur à l’Université Lyon 2 et coauteur d’un article avec Simon Collin et Jean Gabin Ntebutse sur cette approche. Le colloque s’est terminé avec la remise du prix du prix étudiant de la meilleure présentation à Olivier Calonne, étudiant à l’UQAM, et par le mot de clôture où les organisateurs ont remercié tous les conférenciers, les commanditaires et le comité organisateur d’avoir rendu cet événement possible. Notons que Charles Bourgeois, membre étudiant du CÉRTA, faisait partie du comité logistique de l’événement. Un prochain colloque sur une thématique semblable a été annoncé à Lyon pour mars 2018.

Au final, ce colloque découlant de l’initiative d’un comité organisateur composé de plusieurs chercheurs provenant de toute la Francophonie, a permis la réalisation d’un programme ambitieux et de présentations riches en diversité.

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