Femmes immigrantes et groupe d’insertion sociale et professionnelle : parcours d’apprentissage et de développement du pouvoir d’agir

Plusieurs travaux de recherche mettent en lumière la double stigmatisation sociale vécue au regard de l’appartenance ethnique et de genre (Pierre, 2005; Vatz Laaroussi, 2008). Dans leur insertion sociale et professionnelle (ISP), les femmes immigrantes sont confrontées à des obstacles notamment dus à leur méconnaissance de la langue ou à la discrimination à l’embauche (Girard, Smith et Renaud, 2008). Pour obtenir un soutien dans leur processus d’ISP, des femmes immigrantes s’inscrivent souvent dans des programmes d’intervention, notamment de groupe, mis en place par des organismes communautaires (Van Kemenade et Muligo, 2012). Or les recherches ne permettent pas de comprendre les raisons pour lesquelles la participation à ces groupes n’engendre pas les effets escomptés chez certaines femmes immigrantes, ce qui peut susciter chez ces dernières un sentiment d’impuissance et une perte d’espoir quant aux possibilités de s’insérer sur le marché du travail (Bronstein et McPhee, 2009).

En s’appuyant sur la théorie culturelle-historique de l’activité (Engeström et Sannino, 2013; Vygotsky, 1934/2013), une approche encore peu mobilisée dans la recherche sur ce type d’interventions, le présent projet poursuit comme objectif général de comprendre comment la participation de femmes immigrantes à l’activité de groupes d’ISP suscite des apprentissages et éventuellement le développement du pouvoir d’agir dans leur parcours d’insertion sociale et professionnelle. En découlent les objectifs spécifiques suivants :

  1. Décrire l’intervention réalisée dans l’organisme communautaire ciblé en spécifiant les instruments transmis aux femmes immigrantes participantes;
  2. Identifier les contradictions et leur résolution dans l’activité collective ;
  3. Dégager les apprentissages réalisés par les femmes immigrantes et les manifestations discursives du développement d’un pouvoir d’agir individuel et collectif;
  4. Comprendre l’influence de la participation à un groupe sur le parcours d’ISP des femmes immigrantes.

Le projet de recherche se déploiera en trois volets interreliés : 1) une observation directe et prolongée d’une intervention d’un groupe visant l’ISP de femmes immigrantes; 2) des entretiens de groupe sur l’activité et 3) des entretiens individuels auprès des femmes immigrantes participantes. Sur les recommandations de Vatz-Larroussi (2007) concernant la recherche interculturelle, les méthodes retenues visent à offrir des espaces reconnaissant l’importance de la parole des femmes immigrantes.

Ce projet ouvre une avenue de recherche originale, susceptible de générer d’importantes retombées, tant théoriques que pratiques. En documentant l’activité de façon fine, tout au long de la durée du programme et jusqu’à six mois après celui-ci, ce projet propose un dispositif théorique et méthodologique qui permettra de lever le voile sur l’activité des groupes, de mieux la comprendre et de dégager des constats visant à soutenir la mise en œuvre de pratiques d’intervention en groupe sensibles aux spécificités d’ISP des immigrantes et dynamisant chez elles le développement du pouvoir d’agir dans leur parcours d’ISP.

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