Diplôme universitaire et insertion sur le marché du travail : approche statistique et compréhensive de la surqualification professionnelle

En plus du chômage et du travail à temps partiel subi, la surqualification constitue une autre forme, non moins importante de sous-utilisation des compétences humaines sur le marché de l’emploi. La surqualification caractérise la situation des personnes dont le niveau de formation dépasse celui normalement requis pour l’emploi occupé et représente le plus important mécanisme d’ajustement dans le marché du travail dans le cas d’un excès d’offre de travailleurs hautement qualifiés dans un ou plusieurs domaines d’études ou secteurs économiques (Wieling et Borghans, 2001). Compte tenu de l’importante croissance de l’offre de main-d’œuvre diplômée relativement à celle de la demande de travail qualifié, de telles situations se sont fortement développées dans l’ensemble du Canada, notamment au niveau universitaire, où ce phénomène touche plus d’un tiers des diplômés (Vultur, 2014 ; Uppal et LaRochelle-Côté, 2014 ; Boudarbat et Montmarquette, 2017). Si, d’un point de vue économique, la surqualification peut signifier l’existence de ressources productives inexploitées, d’un point de vue humain, les situations qu’elle génère sont susceptibles d’être difficilement vécues et d’affecter durablement le processus d’insertion sur le marché du travail, la carrière et la vie privée d’un nombre important de diplômés. En effet, elle risque de devenir une source de frustration, car associée à un salaire moins élevé et à une utilisation moindre des compétences acquises (McGuinnes, 2006 ; Robst, 2007 ; Kilolo-Malambwe, 2014), à une faible satisfaction et motivation au travail (Luksyte et al, 2001 ; LaRochelle-Côté et Hango, 2016),  de même qu’à une plus forte probabilité de quitter l’emploi, en augmentant ainsi le roulement du personnel, avec des coûts importants pour les organisations qui les embauchent (Wald, 2005).

Le but de ce projet financé par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et mené par Mircea Vultur (INRS), Sylvain Bourdon (directeur du CÉRTA), Pierre Canisius Kamanzi et Brahim Boudarbat (Université de Montréal), est d’analyser la surqualification chez les diplômés des universités au Canada en lien avec leur processus d’insertion sur le marché du travail. Les objectifs spécifiques de ce projet sont les suivants :

1. Analyser les indicateurs d’insertion professionnelle des diplômés universitaires et mesurer, à partir de données d’enquêtes, l’ampleur du phénomène de la surqualification qui les affecte.

2. Conduire une enquête rétrospective de type qualitatif sur les parcours professionnels des diplômés universitaires et documenter les expériences de surqualification vécues par ces diplômés afin d’analyser les diverses manières de vivre subjectivement ce phénomène en lien avec leur processus d’insertion sur le marché du travail.

Le projet repose sur une méthodologie mixte. Des analyses statistiques seront effectuées à partir de données d’enquêtes et des entrevues individuelles portant sur les situations de surqualification seront conduites auprès de 90 diplômés provenant de différentes universités au Québec.

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