Entrer pour mieux s’en sortir : état du développement des services de reconnaissance d’acquis et de compétences à l’intention de la population carcérale.

Notice bibliographique

Gariépy-Delisle, K. (2014). Entrer pour mieux s’en sortir : état du développement des services de reconnaissance d’acquis et de compétences à l’intention de la population carcérale. Essai de maîtrise en orientation, Université de Sherbrooke, Québec.

Résumé

Il est de plus en plus admis que les adultes apprennent dans différents contextes, et ce, tout au long de leur vie. Plusieurs politiques publiques visent à promouvoir l’accessibilité à la formation au plus grand nombre et aussi à reconnaitre les apprentissages faits dans ces divers contextes. Parmi elles, on trouve celles qui favorisent la reconnaissance des acquis et des compétences (RAC). La RAC est une démarche qui permet à l’adulte de faire reconnaître officiellement ou de façon non formelle des compétences acquises grâce à des expériences de travail ou de vie. Dans une démarche de reconnaissance officielle, une sanction peut être délivrée. Par contre, les services de RAC sont encore assez peu connus et on y associe des problèmes persistants, comme la lourdeur du processus et la difficulté même à obtenir ce type de service. La population carcérale fait partie de ces adultes ayant acquis plusieurs expériences de vie significative. Cette population est marginalisée due à plusieurs problématiques ayant trait notamment à la faible scolarisation et au décrochage scolaire, à l’emploi, à la situation financière, au réseau social, à la violence, à la santé psychologique et à l’incarcération. L’intérêt pour la RAC, au coeur de cet essai, s’inscrit dans le souci de travailler à la réinsertion de la population carcérale dès son incarcération. Par ailleurs, la population carcérale n’est pas identifiée comme une des populations cibles de la RAC au Québec et l’accessibilité des services de RAC à cette population n’est pas mise en valeur. Un seul document québécois a été trouvé faisant une courte mention d’un lien entre RAC et population carcérale. De plus, la revue de la littérature scientifique n’a permis de recenser aucune source traitant directement de reconnaissance d’acquis et de compétences à l’intention de la population carcérale. On peut se demander si ces services ont commencé à être accessibles à cette population. Toutefois, les pays ayant adopté des politiques d’apprentissage tout au long de la vie pourraient être ceux les plus favorables à ce type de services afin de qualifier cette population souvent non diplômée et de favoriser son intégration au marché du travail. La question de recherche de cet essai est : Quel est l’état du développement des services de reconnaissance d’acquis et de compétences à l’intention de la population carcérale dans les pays ayant adopté des politiques d’apprentissage tout au long de la vie? Les objectifs spécifiques de la recherche sont de recenser le discours des acteurs sur les services de reconnaissance d’acquis et de compétences de la population carcérale et d’identifier l’étape d’élaboration des politiques publiques où se situe le développement de la RAC pour la population carcérale. L’échantillonnage a été fait par observation documentaire et par méthode «  »boule de neige » ». Les requêtes ont inclus la reconnaissance sommative (officielle) et celle formative (dite aussi non formelle). L’échantillon est composé de cinq documents d’acteurs européens. L’analyse de contenu a été privilégiée pour le repérage d’informations pertinentes pour répondre à la question de recherche. Parmi les résultats de cette recension, on constate que le discours des acteurs se rapporte plus à mettre en valeur les différents apprentissages non formels que font les personnes détenues au cours de leur expérience carcérale. Le discours porte davantage sur la reconnaissance formative et on trouve très peu de pays qui ont mis à leur ordre du jour l’accessibilité des services de RAC officielle à la population carcérale. On constate aussi que les services de reconnaissance d’acquis et de compétences se rapportent principalement à la formation générale des adultes ou à la formation professionnelle, mais les étapes spécifiques d’une démarche de reconnaissance officielle, semblables à celles de la démarche de l’approche harmonisée québécoise en formation professionnelle, ne sont pas présentées dans les documents. Ceci laisse penser que le développement des services n’a pas encore atteint la mise en oeuvre. Par ailleurs, les résultats indiquent l’intérêt des acteurs pour les approches non formelles, comme le bilan de compétences, pour donner le moyen à la population carcérale de mettre en valeur ses acquis et apprendre à les mettre en valeur face à un éventuel employeur. Ainsi, les résultats permettent d’affirmer que dans les pays qui réfléchissent à la RAC pour la population carcérale, on se trouve à cheval sur la première et la deuxième étape du processus d’élaboration des politiques publiques, soit entre la mise à l’ordre du jour et la recherche d’alternatives. La Norvège est un cas exceptionnel et ce pays semble plus avancé, soit avec la mise en oeuvre de projets. Tel que présenté dans le cadre d’analyse, les facteurs de réussite associés à l’implantation de dispositifs de reconnaissance sont l’évolution favorable de la RAC, l’existence d’un cadre de référence national et l’existence de procédure bien établie au niveau local. L’analyse permet de déduire que généralement, lorsqu’un pays se penche sur la RAC à l’intention de la population carcérale, la RAC est déjà à un niveau plus avancé. D’ailleurs, trois des pays qui ont entrepris des travaux en RAC pour la population carcérale, soit la Norvège, la France et le Royaume-Uni, sont des pays jugés parmi les plus avancés dans la systématisation des services de RAC. Il y a plusieurs défis à relever pour développer des services de reconnaissance d’acquis et de compétences à l’intention de la population carcérale. Selon les documents analysés, une des difficultés de la mise en oeuvre de la RAC en prison viendrait de l’organisation de la formation elle-même. Par exemple, il est difficile d’offrir des services d’éducation similaires à ceux à l’externe des établissements et on peut imaginer la complexité d’organiser la formation manquante, déjà jugée comme un grand défi pour les acteurs de la RAC pour les adultes en général. De plus, lorsque des dispositifs sont en voie d’implantation, le temps de détention, parfois court, pose un nouveau défi d’organisation pour les acteurs. Le faible taux de documentations traitant des services de RAC à l’intention de la population carcérale dans les pays ayant adopté des politiques d’apprentissage tout au long de la vie donne lieu à un petit échantillon. Il s’agit d’une limite de cette étude. Le fait de limiter la recherche aux documents de langue française ou anglaise a sans doute contribué à diminuer la taille de l’échantillon puisqu’il est possible que des pays n’ayant ni l’anglais, ni le français comme langue officielle n’apparaissent pas dans les requêtes faites. Par ailleurs, la principale force de cette recherche et de contribuer à un champ d’études assez récent. Cet essai dresse un portrait détaillé de la population carcérale, mais aussi des services de reconnaissance d’acquis et de compétences à l’intention de cette population dans les pays ayant adopté des politiques d’apprentissage tout au long de la vie. Les résultats de cet essai sont intéressants et permettent d’avoir un portrait global de la situation de la population carcérale vis-à-vis les services de reconnaissance d’acquis et de compétence. Ces résultats permettent d’amorcer une réflexion sur la complexité d’instaurer des démarches d’évaluation et de reconnaissance des compétences en milieu de détention.

Fichier

gariepy-delisle_entrer-pour-mieux-sen-sortir_2014.pdf

Hyperlien

http://savoirs.usherbrooke.ca/handle/11143/7641

Membres du CÉRTA impliqués

Kathy Gariépy-Delisle

Centre d’études et de recherches sur
les transitions et l’apprentissage
Université de Sherbrooke
Faculté d’éducation
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Sherbrooke (Québec) CANADA J1K 2R1

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